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« Unwritten × Lydia »

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Lydia Archer

Lydia Archer


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MessageSujet: « Unwritten × Lydia » « Unwritten × Lydia » Icon_minitimeDim 10 Juin - 0:32

Je suis allongée sur les couvertures de mon lit, tout habillée. Je regarde le plafond, me prépare pour le pire. J’attends qu’ils rentrent, qu’ils me voient à la maison, habillée comme si je m’étais échappée d’un clip de musique punk. Ils s’en doutaient, quand même, non ? Ils savaient que je n’irais pas, je ne leur ai jamais caché mon dédain pour le plan qu’ils ont soigneusement préparé pour moi. Ils n’espèrent pas que je fasse comme Nora. Si ? Si, bien sûr que si. Nora s’est dégonflée au dernier moment, a choisi de suivre leur commandement après des années à m’avoir enseignée de ne jamais laisser personne me contrôler. Puis, quand le moment est enfin arrivé de voler de ses propres ailes, elle les a refermés et est retournée dans le nid, tête baissée. « J’ai pris peur, Ly’. Et s’ils avaient raison, en fin de compte ? Ils en savent plus que nous, sur la vie, après tout. », m’a-t-elle dit, quand je lui ai demandé pourquoi. J’en aurais pleuré. « Bien sûr qu’ils en savent plus que nous, sur la vie. Mais ils n’en savent pas plus que nous sur nous-même ! Ils ont leur propre vie, pourquoi est-ce qu’on a pas le droit de vivre la notre ? » Elle a haussé les épaules. « Qu’est-ce que tu en sais, que tu n’aimerais pas être docteur ? Et si, dans 10 ans, tu te rends compte que tu n’aimes pas la voie que tu as choisie ? Ou si tu n’y arrives pas ? Tu auras détruit ta relation avec tes parents, pour rien. »

Elle a failli me convaincre. Il y a une heure, j’étais habillée de mon tailleur, les larmes aux yeux devant mon miroir, prête à aller à l’entretien durant lequel j’aurais été censée convaincre un doyen de fac que j’étais motivée et prête à tout pour devenir médecin. Je me suis regardée dans le miroir, et j’ai détesté ne pas reconnaître qui j’avais en face de moi. J’ai détesté la fille qui me regardait, celle qui allait devenir docteur. Celle qui allait s’acheter une maison, tout faire pour qu’elle reste toujours impeccable, avoir deux ou trois enfants avec son mari cardiologue, faire des brunchs avec ses voisins qu’elle aime tellement qu’elle les voit deux fois par semaines, une fois pendant les cours de pilates et une fois sur les parcours de golf. J’ai détesté voir ma mère apparaître à la place de mon reflet. J’aime ma mère. Je l’aimerais toujours, c’est ma mère. Mais putain, je préférerais crever que de devenir elle. Cette vie est chiante à mourir. Pourquoi, pourquoi, pourquoi j’en voudrais ? Alors je me suis changée, et chaque mouvement était comme une délivrance. Jusqu’à maintenant. Maintenant, je me prépare.

Ca va tellement partir en couille. Ca va être sévère, sans appel. Des mots vont être lancés sans être penser. J’essaierai de me contenir, mais je n’y arriverai pas, car je n’ai pas une once de sang-froid. Je ne sais pas gérer ma colère et ils m’énervent tellement, tout le temps, à ne pas m’écouter. A ne pas essayer de me comprendre. Pourquoi est-ce qu’avoir une fille qui veut que sa vie tourne autour de la musique est si mal ? Pourquoi est-ce que les apparences comptent-elles autant pour eux ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre, de ce qu’on vont dire les voisins, si je donne des cours de musiques et vends des instruments ? Qu’est-ce que ça fait, si je n’ai pas assez d’argent pour m’acheter une piscine ? Si je ne marie pas quelqu’un de la haute société, si je ne suis pas convenable ? Si je jure, fais des blagues salaces et aime le sexe ? Pourquoi être moi ne serait pas une bonne chose ? Pourquoi être moi choque ? Je ne veux pas rentrer dans une boîte façonnée par quelqu’un d’autre. Je veux pouvoir dépasser quand je colorie ma vie. Faire des erreurs, les regretter, apprendre, grandir. J’en ai rien à battre de ne pas plaire à tout le monde. J’m’en fous royalement, putain.

J’ai ce poids sur ma poitrine, qui ne veut pas se barrer. Je l’ai à chaque fois que je pense à la boite dans laquelle ils veulent m’enfermer. Alors je hurle, pour libérer de la pression. Je hurle de toute mes forces, à m’en casser la voix, à en avoir les larmes aux yeux. J’étouffe, putain. J’étouffe. Le dos posé sur mon matelas, je frappe ce dernier de toutes mes forces avec mes poings. Je me débats. Ils ne m’oppresseront pas.

Je me calme. Le poids était toujours là. Parce que le conflit à venir est toujours là aussi. Si j’arrive à rester calme, est-ce qu’ils m’écouteront ? Bien sûr que non. Ma mère est une maniaque et mon père ne connait pas l’échec. Je suis la seule chose qu’il ne réussit pas et la seule chose qu’elle ne peut pas ranger et arranger sur une étagère, comme un joli bibelot ou un trophée qu’ils peuvent montrer au monde. Ils ne sont pas fiers de moi quand ils voient à quel point je suis débrouillarde et pleine de ressources. Ca ne les intéresse pas de savoir que je retombe toujours sur mes pattes et que je suis déterminée. Ils n’ont pas besoin d’une fille qui sache penser. Ils veulent une fille qui sache réciter. Ils veulent une Nora, qui les éblouit pendant les repas de familles en parlant de ses professeurs, de ses camarades de classes et de ses bonnes notes en fac de droits. Qui leur fait de longs discours sur la dernière chose qu’elle a appris. Jamais ses mots à elle, toujours ceux de quelqu’un d’autres. Putain, Nora savait composer. Son âme était pleine de secrets qu’elle dévoilait à moitié dans ses chansons. Elle avait tant à dire. C’était mon héroine. Je ne veux pas qu’ils me transforment en quelqu’un d’insipide comme ils l’ont fait avec elle. On dirait qu’on lui a lavé le cerveau. C’est Plaisantville avant l’arrivée des héros qui amène la technicolor. Elle a fait le chemin à l’envers. Elle s’est coupée les ailes.

Ils arrivent. Je mords ma lèvre. J’entends la voiture. J’ai le coeur qui bat. La voiture s’arrête dans l’allée. Je vais exploser. Les portières s’ouvrent. C’est l’instant de vérité. Leur pas résonnent sur la dalle. C’est le moment. Les clefs sonnent contre la porte. La dernière lueur d’espoir à laquelle il s’accrochaient va s’éteindre. La porte d’entrée grince. J’ai troqué l’avenir qu’ils ont craftés pour un rêve. Elle se referme. Ils sont là.

Je souffle pour me donner le courage de les affronter. Puis je me lève. Quand je vais descendre, ce sera sanglant. J’y laisserai des plumes, mais je me battrai comme une forcenée. Ils ont déjà perdu, de toute façon. La fac ne me donnera pas de seconde chance. Pas cette année. Et la honte de savoir que leur fille n’ira pas à l’Université l’année prochaine va les faire vriller. Je marche comme si je suivais une ligne verte. J'aimerais ne pas avoir à me battre pour mes rêves contre ceux qui veulent le meilleur pour moi. Mais je le ferai.

J’entre dans le salon. Ma mère, son verre de vin à la main, est la première à me voir. Son sourire se dissipe pour faire place à un air confus. Elle est belle, maquillée et habillée comme ça. On dirait une princesse. « Lydia ?! Qu’est ce que tu fais là ? Tu n’es pas à ton entretien ? » Mon père se retourne, l’air blasé de celui qui en a ras-la-casquette mais qui n’est pas surpris de constater qu’il a affaire à un attardé mental. « J’aurais dû m’en douter. J’aurais dû savoir que tu allais nous cracher à la figure. Tu sais combien de temps ça m’a pris, pour te sécuriser ce rendez-vous ? » Tu aurais mieux fait de me demander avant de te donner tout ce mal, père, ça t’aurait éviter de perdre ton temps. « Oui, je le sais. » Je reste calme, pour l’instant, fais des phrases courtes pour ne pas me laisser emporter par le rythme entêtant de mon coeur, qui s’affole, parce qu’il sait. Ils ne m’écouteront pas. Et on est face à une impasse. « Mais tu t’en fiches, pas vrai ? Tu n’en as rien à faire de tout ce que les autres font pour toi. » Il me traite d’égoïste, alors qu’il n’y a que leur vision du monde qui compte. Leur honneur, leur volonté. Pourquoi est-ce que je suis l’égoïste ? Je tremble. C’est pas juste. « Pour moi ? Si c’était pour moi, que vous vous donniez autant de mal, vous le feriez avec quelque chose que je veux faire. » Mon père soupire, ma mère porte la main à l’arrête de son nez. Oui. Ce vieux débat. « Et qu’est-ce que tu veux faire ? Devenir une saltimbanque et passé ta vie à courir après les quelques centimes jetés vers toi ? C’est ça que tu veux ? » C’est ridicule, cette mentalité. « Non, ce que je veux, c’est me regarder dans le miroir et être fière de ce que je vois ! » Mon père rit. « Et tu crois que tu parviendras à faire ça tout en sabotant toutes les chances que l’on met de ton côté ? En reniant, jour après jour tout ce que l’on te donne ? Tu crois que tu peux être fière de rater ta vie ? » Mais en quoi faire ce que j’aime et être qui je suis peut être synonyme de rater ma vie ? « Mais putain ! Juste parce que je ne fais pas ce que vous voulez que je fasse, en quoi ça fait de moi une ratée ? » Mon père soupire à nouveau. Ma mère intervient. « Lydia, déjà, surveille ton language. Et ensuite, pourquoi est-ce que si dur pour toi de comprendre qu’on veut simplement que tu ne manques de rien ? » Mais bordel de merde ! Quand est-ce qu’ils vont comprendre ! Si je perds qui je suis, en quoi est-ce que je ne manque de rien ? « Mais j’en ai rien à foutre, de l’argent ! Je veux juste… » Être bien dans ma peau, ne pas être enfermée dans votre putain de boite. Avoir l’assurance que l’on m’aime pour ce que je suis et pas pour ce que l’on veut que je sois. Que l’on m’accepte, putain ! Mais je ne sais comment le dire, donc je pousse un cri, frustrée.

Tout ça me parait tellement futile. Mon père me regarde comme si j’étais une arriérée. Mais je le vois trembler. Il est à bout. Ca fait des années que cette conversation dure, ça fait des années qu’on en arrive toujours au même point. Il a, comme moi, accumulé les frustrations. Les compromis, les sacrifices. Tout ça pour du vent. Je le sais, je ne suis pas aveugle, ni ingrate. Mais toute cette énergie aurait été tellement mieux placée si elle avait été employée à s’assurer de mon bonheur, plutôt que de ma richesse monétaire. Ma mère est tout bonnement choquée. Elle est à deux doigts d’appeler un hôpital pour qu’on s’occupe de leur petite hystérique.« Tu n’en as rien à foutre, de l’argent, hum ? » Me dit mon père. « Pourtant, tu es bien contente de profiter du mien pour faire tout ce que tu veux. Acheter tes instruments, louer tes salles de répétitions, prendre tes cours de musiques. Ce n’est pas gratuit, tout ça. » Je sais… Je sais tout ça, tu me le répètes assez souvent, afin que je culpabilise un max. « Je sais. Ce n’est pas comme si je dilapidais ta fortune sans le moindre égard ! Et je bosse, pour pouvoir payer me le payer. Ca fait des années que tu n’as pas eu à gaspiller ton putain d’argent pour ça ! » Il fulmine. Moi aussi. « Mon putain d’argent ?! MON PUTAIN D’ARGENT ! Mais tu sais quoi, Lydia, si tu n’as pas besoin de mon putain d’argent, tu n’en auras plus. Et tu sais quoi, puisque tu as l’air décidée à n’en faire qu’à ta tête et à bousiller ta vie, pas de soucis, fais le donc. Mais pas sous mon toit. J’en ai assez d’avoir cette conversation avec toi. Donc puisque ça ne te pose pas de problème d’être sans le sous, vas-t-en. » Quoi ?! Il me vire ?! Il est sérieux ? Il n’essaie même pas de voir les choses de mon point de vue avant de m’abandonner comme on abandonne une mauvaise idée ? L’idée de me rétracter, de m’excuser, de suivre les traces de Nora ne me vient même pas en tête. Je vois rouge, je ne vois que rouge. Alors comme un taureau, je fonce dans le rouge. Et comme un taureau, je suis mise à mort. « Ah ouais ?! Ok… Ok… » Je cours dans ma chambre, en larmes, prends un sac à dos et commence à jeter quelques vêtements dedans.

« Lydia… Ne fais pas ça… » Nora. Je ne l’avais même pas entendue rentrer. « La ferme, Nora. C’est de ta faute, si on en est là. T’as passé ma vie à me dire qu’il fallait que je suive ma voie, et quand c’était à toi de le faire, tu t’es dégonflée. Je ne suis pas une lâche, comme toi. Puisque j’ai le choix entre être celle que je veux être ou vivre ici… Je ne choisirai pas une cage, comme toi. » Je ferme le sac, ramasse mon saxophone et cours hors de ma chambre sans la regarder et sans lui laisser le temps de répondre.

Quand je ferme la porte de la maison derrière moi, je n’en reviens pas. Cette conversation en particuliers n’était même pas la pire que l’on est eue. Mais je crois que quelque part, je n’attendais que ça. Qu’on me donne une excuse. Et maintenant, je fais quoi ? La porte s’ouvre derrière moi. Mon père. Pas calmé pour deux sous, je comprends direct qu’il veut en ajouter une couche. « Si tu passes le portail, Lydia, tu n’es plus ma fille. Ce ne sera pas la peine de revenir ici, ni même de nous contacter. Et ne perds pas ton temps à contacter nos amis. Une fois que tu auras quitté notre terrain, j’aurais perdu ma fille. Et c’est ce que je dirai à tout le monde. Tu n’emporteras pas notre dignité avec toi. »

Je suis estomaquée, complètement défaite. Je n’en reviens pas et je sais que ça se voit. « Monsieur Archer, vous êtes un connard. » Je lui dis en guise d’au revoir.

Je m’en vais, terrifiée. Je sais que le but était de suivre ma voie, mais comment je fais si je n’ai plus de routes sous mes pieds ? Il n’y a plus de filets pour me rattraper. Faut pas que je me plante. Alors… Qu’est-ce que je fais ?
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