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Freddie Porter

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Freddie Porter

Freddie Porter


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MessageSujet: Freddie Porter Freddie Porter Icon_minitimeMar 17 Jan - 21:28




Freddie Porter



ft Shawn Ashmore
Freddie Porter 1404427833-1

« Ecouter les autres, c’est encore la meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent. »
rescapé ; nouveau



» Carnet de santé «
Très tôt, Wade et moi avons fait de cet hôpital notre terrain de jeu favori. Nos parents sont tous les deux urgentistes, alors, en bon garçons que nous sommes, nous avons décidé de faire le plus de réunions familiales possibles, autour d'un brancard. Avec, petit détail, l'un de nous deux sur le brancard, bien souvent et à tour de rôle. Plus tard, nous avons décidé de suivre les traces des parents, et sommes passés de patients à docteurs. C'est un peu comme notre deuxième maison, en sommes.


» Son histoire «

« Je suis prête. »

Sasha Austen me regarde comme si j’étais l’examinateur de son oral d’Histoire. Elle a l’air déterminée et prête à me montrer de quoi elle est capable. Mais elle a surtout l’air nerveuse, et ça, c’est fort dommage. Tous ses doigts sont entrelacés les uns avec les autres, et ses jointures sont blanches. N’étant pas encore le patient, je m’autorise à être celui qui détendra l’atmosphère, avant de lui laisser les rênes.

« Avant de commencer, j’aimerais te raconter une petite anecdote que j’ai vécu ce matin. D’accord ? » Elle acquiesce. Bien. « Ce matin, au moment du petit déjeuner, alors que j’ouvrais mon frigo, j’ai entendu une conversation qui m’a drôlement étonné. C’était un oeuf qui demandait à un autre oeuf : “Mais pourquoi as-tu des poils ?” Et l’autre oeuf a répondu : “Parce-que je suis un kiwi, connard !” »

Elle éclate de rire, surprise. Je souris, fier, en voyant ses doigts se séparer les uns des autres. J’ai remarqué qu’il était toujours plus simple de faire rire quelqu’un d’anxieux que de lui dire de se détendre

« Ok, donc je vais sortir, et tu vas m'accueillir dans ton bureau, d’accord ? Tu ouvres la porte dès que tu es prête et à partir de ce moment-là, ça commence. Prends ton temps… Bon pas trop, non plus, parce que je préfère la température ici. » Je pouffe de rire, et elle sourit aussi. Elle sera une excellente psy, ça se voit dans son regard. Je me lève et sort de la pièce, pour aller dans le couloir silencieux. C’est la partie de l’aile la plus calme, celle où j’aime le moins être. Je préfère passer mon temps avec les patients, les écouter, jouer aux dames ou me promener dans les couloirs avec eux. Ce n’est pas que je n’aime pas le silence, c’est juste que je n’ai pas l’habitude d’être tout seul, j’ai rarement eu besoin d’avoir recours à une introspection pour entendre mes pensées, vu qu’elles sortaient souvent par la bouche de Wade, mon jumeau. Il n’y a pas grand chose qu’on ait pas fait ensemble, à part les choses évidentes comme perdre notre virginité ou aller au toilettes, bien sûr.

La porte s’ouvre. C’est parti.

« Bonjour Freddie » me dit-elle en me tendant la main pour serrer la mienne tout en m’invitant à entrer. « Bonjour Dr. Austen. » je réponds en entrant, répondant à sa poignée de main par la même occasion. « Tu peux m’appeler Sasha. » Je le vois qu’elle se force à me tutoyer pour éviter de mettre de la distance entre nous. Je me demande si elle m’imagine être un enfant et si oui, quel âge ai-je ? J’aurais dû aller piquer une sucette à Wade, comme ça, elle me l’aurait donnée. J’ai drôlement envie de sucre.

Elle m’invite à m’asseoir sur le fauteuil que je réserve d’habitude à mes patients. Je ne m’assoie dessus que quand je suis en pause, d’habitude, parce qu’il est plus confortable que le mien. Je suis content d’avoir une excuse pour être celui qui l’utilise. C’est l’une des premières pensées que j’ai eu après avoir proposé de faire ce jeu de rôle “Et en plus, je pourrai m’asseoir sur le fauteuil confortable.”

J’attends qu’elle me dise quelque chose, parce que c’est ce que font mes patients. Comme s’ils attendaient mon autorisation pour parler. Bien souvent, le simple fait d’être là est déjà assez dur pour eux. Certains peuvent ne pas être à l’aise face à la pression de devoir trouver un sujet de conversation. La plupart ne savent même pas qu’ils sont avec moi pour parler. Ils n’ont pas le choix, ils sont là parce que ça leur a été prescrit. Et certains sont beaucoup trop déconnectés de la réalité pour comprendre ce qu’ils font là. Sasha sera quasiment dans la même situation avec des enfants.

Elle m’invite à prendre la parole, m’explique comment se passe une thérapie. Sa voix est toute douce et si son regard était une texture, se serait du velours. Elle a ça dans le sang, ça se voit qu’elle sait ce qu’elle fait. Elle me demande de me présenter et de raconter ce que je veux sur ma vie, pour mieux me connaître. Je décide d‘être honnête, car ce sera plus simple pour tous les deux si elle n’a pas l’impression que je mens. Je ne sais pas mentir. Je sais tordre la vérité, la cacher, mais mentir, je n’y arrive pas. Et je sais exactement quelle tête je fais quand je mens, parce que Wade fait la même.

« Je m’appelle Freddie Porter, j’ai 28 ans, et je suis psychiatre à St Trinian’s. J’ai toujours vécu à New York, mais j’ai beaucoup voyagé, quand j’étais plus jeune. Avec mes amis, avec ma famille, avec les amis de la famille, ou même tout seul avec Wade…   C'est mon frère jumeau, qui a - attention, tu ne vas pas le croire - 28 ans aussi. Plus 4 minutes. Nos parents, Meryl et Dash, sont urgentistes dans le même hôpital où mon frère et moi exerçons. Ah oui, j’ai pas dit, il est pédiatre ici et il a une fille de deux ans qui s'appelle Gemma. Il l'a surnomme Gem, parce que c'est son joyau. On a pris un appartement ensemble, comme ça, je peux l'aider à élever la petite. Et puis aussi parce qu’on aime bien passer du temps ensemble, vu qu’on a passé notre vie comme ça. Je suis célibataire. Ce n’est ni un choix ni une fatalité. Je trouverai quelqu’un, mais j’me mine pas parce que je n’ai encore personne. Peut-être même que j’ai déjà trouvé une éventuelle possibilité de romance, mais j’en dis pas plus. Je ne suis pas superstitieux, mais quand même, je ne veux pas porter malheur. Hum... Voila voila… »


Voila voila ? Voila voila .

» Liens & Accointances «

Porter, Wade × Il plisse les yeux pour se concentrer, le regard rivé dans le mien. J’imite son geste, pour brouiller les pistes. Je ne sais pas si ça marche, mais je me dis que ça vaut le coup d’essayer. Il regarde mes mains, la table, la fenêtre à ma gauche, ma bibliothèque, puis mes yeux à nouveau. Je vois bien son cerveau qui travaille d’arrache-pied, j’ai presque l’impression de voir les rouages se mouvoir. Il mordille la paille qui dépasse de son verre en carton plastifié. J’essaie de ne pas y regarder, parce que sinon, il saurait qu’il mordillait son indice... Soudain, il se détend et sourit, avant de sortir la paille de sa bouche en éloignant le verre. « Une paille. » dit-il, et je soupire. On ne peut pas jouer à ce jeu, on se connaît trop bien. J’ai jamais vécu sans lui et lui a à peine tenu quatre minutes sans moi. Les gens autour de nous disent qu’on a un pouvoir télépathique de jumeau. Mais en réalité, chacun connaît juste l’autre mieux qu’il ne se connaît lui-même. C’est même pire : chacun en apprend sur lui-même rien qu’à observer l’autre. C’est grâce à toutes nos similitudes et différences que, personnellement, je sais qui je suis. Si je n’avais pas mon frère, peut-être que je me chercherais encore. « 4 à 3. Tu mènes, à ton tour. », je lui dis, prêt à relever le défi. Il s’appuie contre le dossier du fauteuil le plus confortable de mon bureau, parce que le fourbe a réussi à me le prendre. Il ferme les yeux, pour ne pas que je vois à quoi il pense. J’en profite pour mordre dans mon sandwich. Peut-être que si je me dépêche, j’aurais même le temps de le finir, parce qu’il essaie encore de trouver l’objet le plus compliqué à me faire deviner. Des années que l’on fait ce jeu, et il essaie toujours, c’est mignon. Moi, j’ai lâché prise, je prends le premier truc qui me vient à l’esprit, ou qui attire mon regard. Il ouvre les yeux et me regarde avec le sourire qu’il sort quand il a faim. « Ok, c’est bon. T’es prêt ? » J’acquiesce, la bouche encore pleine. « Je vois quelque chose de plat. » Il essaie de s’en empêcher, mais je vois bien qu’au dessus de son sourire confiant, il y a la même lueur dans son regard que quand maman fait « Une tarte à la rhubarbe. » Il soupire. 4-4. A mon tour. Je vois quelqu’un qui me complète autant qu’il me ressemble. Wade Porter.

Porter, Gemma × Wade tremble. Ses épaules secouent mon bras qui les entoure, et je ne sais pas quoi faire pour le calmer. Il sait ce qu’il se passe à l’autre bout du couloir, il sait que si ça se passait bien, on l’aurait invité. Il sait que sa titulaire ne l’aurait jamais laissé rater ce moment, si elle avait cru que ça pouvait lui apporter du bonheur. Mais personne n’ose venir le lui dire. Personne n’ose ne serait-ce que nous regarder. Va-t-il finalement, après tout ces mois d’attente, être papa ou pas ? Est-ce que Gloria va s’en sortir ? J’entends presque ses questions dans ma tête. Je sais que s’il arrive quoi que ce soit, il va se sentir responsable, parce que c’est comme ça qu’il fonctionne. Il va se dire qu’il aurait pu l’empêcher. Il va… Oh quelqu’un vient. J’appuie sur son épaule pour qu’il relève la tête. Il la garde baissée, la secoue. Il se prépare psychologiquement et vu la tête que fait Rachel, il n’a pas tout à fait tort de le faire. Je le force à se lever. Il regarde Rachel avec les yeux qui brillent, il retient ses larmes. Ca me donne envie de tout casser, de le voir comme ça, mais je me retiens, parce que c’est pas à moi de craquer. « Wade, tu as eu une petite fille. Elle est en bonne santé. » Il souffle un peu, mais pas longtemps, parce qu’on se rend bien compte tous les deux qu’un “mais” arrive. Putain… Gloria. « Et Gloria ? », demande Wade, les mains tapant nerveusement sur ses cuisses. Je ne pensais pas que le visage de Rachel pourrait se décomposer davantage, mais il le fait. Les mains de Wade tapent plus vite sur ses cuisses. Je ressers un peu mon étreinte. « Je suis désolée, on a fait tout... » Le visage de Wade passe de pale comme la mort à rouge de colère. Il lève violemment l’index vers elle pour l'interrompre. « Pas à moi… Cette phrase… Pas à moi. » "On a fait tout ce qu'on a pu". C'est la seule chose qu'on trouve à dire pour que la famille sache qu'on s'est battu jusqu'au bout, qu'on est de leur côté. J'aimerais défendre Rachel, lui dire que Wade et moi savons qu'elle est sincère. Mais j'ai la bouche sèche. La voix de Wade s'est brisée, il se sépare de moi et passe les mains sur son visage. Il crie dans ce masque improvisé. J’ai l’impression que je vais tomber. Je ne l'ai jamais vu comme ça et je ne me suis jamais senti aussi impuissant. J'ai mal à des endroits qui ne m'appartiennent même pas. J'ai mal à mon frère, putain. Alors, autant pour lui que pour moi, je me précipite pour le rattraper pendant qu’il cherche quelque chose à frapper et je le force à pleurer sur mon épaule. Il se débat un peu, puis se laisse faire. Rachel pleure aussi et je lui fais signe de partir. Je ne dis rien, je le laisse pleurer sur mon épaule, pleure un peu aussi parce que je n’arrive pas à m’en empêcher. Il s’accroche à moi, me serre à m’en faire mal, mais je sais qu’il en a besoin. Putain… Gloria. « J’aurais dû y être. J’aurais dû faire quelque chose. », répète-t-il plusieurs fois, à travers ses sanglots. « T’aurais rien pu faire de plus. C’est Doc qui l’a accouchée… Si Doc a rien pu faire... » Alors tout ce que toi, tu aurais pu faire, c’est regarder ta femme te filer entre les doigts. Je finis ma phrase dans ma tête, il n’a pas besoin d’entendre ça. Mais il a compris. Il continue de pleurer quelques minutes, sans me lâcher et sans rien dire. Papa et Maman arrivent en courant, Rachel les a appelés. Elle les a tirés des Urgences, ils ne devraient pas être là. Mais putain, heureusement qu’ils le sont. Maman nous enlace. Elle caresse l'arrière du crâne de Wade pour l’apaiser, comme quand on était petit. Wade ne bouge pas, toujours cramponné à moi et je ne le lâche pas non plus. Papa attrape son épaule et la serre dans sa main, essayant sans aucun doute de lui transmettre sa force. Personne ne parle, et on reste comme ça pendant ce qui me semble être des heures. J’arrête pas de me dire que pendant qu’on est tous là, le bébé est tout seul, avec personne pour le consoler d’avoir perdu sa maman avant de l’avoir vue, mais je n’ose pas le rappeler à Wade. Papa s’en charge, cependant : « Wade, fiston, tu devrais aller voir ta fille. Elle a besoin de toi.» Wade gémit, puis me lâche lentement, comme s’il voulait d’abord tester sa capacité à rester debout sans moi. Il essuie ses yeux, mais il continue de pleurer. Maman pleure aussi. Peu importe les horreurs que l’on côtoie tous les jours, ça n’aide jamais à être fort quand l’un des nôtres est touché. Doc sort de la salle d’accouchement et se dirige vers nous. Je ne l'ai jamais vu être aussi blanc « Wade… » Commence-t-il, prêt à nous expliquer ce qui est arrivé à Gloria mais Wade l'interrompt aussi d’un geste de la main. « D’abord, je veux voir ma fille. ». Doc acquiesce et lui fait signe de le suivre. Wade me prend le bras pour que je vienne aussi. Je sers affectueusement la main de maman avec mon autre main pendant que je passe à côté d’elle. Doc nous laisse devant la pouponnière devant laquelle Casey nous attend pour nous laisser entrer. Elle nous amène devant le berceau “Porter”. Et il y a un tout petit être qui nous regarde, dedans. Je vois mon frère la prendre dans ses bras, pleurant encore. Je me rends alors compte que je tremble aussi, maintenant, en la voyant. Je ne me suis jamais senti aussi terrassé par un enfant. Elle est spéciale. Elle est cette fleur qui apparaît sur un champ de bataille, après la guerre. Une lueur d'espoir, un tout petit ange. Wade lui parle, mais je n’entends pas ce qu’il dit. Je ne la lâche pas des yeux. Je ressens une bouffée d’amour comme j’en ai jamais ressenti auparavant. Elle est tellement petite, tellement fragile… Il va falloir qu'on la protège du monde entier. Je la regarde me mettre K.O., et je me dis qu’il est important qu’elle sache que peu importe ce qu’il lui manque dans la vie, elle aura toujours son père et moi. Je m’approche d’eux, caresse son bonnet. Wade lève la tête vers moi, pleurant toujours. Dans son regard, je lis la terreur, le désespoir, l'émotion, l'amour pour sa femme et l'amour pour sa fille. « Qu’est ce que je vais faire ? ». La seule chose à faire, vraiment. « Tu vas venir chez moi, pour le moment, puis on commencera à chercher un appartement assez grand pour nous trois. Et je t’aiderai. Jusqu’à ce que tu n’aies plus besoin de moi. » Il acquiesce, rendu muet par de nouveaux sanglots et pose sa tête sur mon épaule, le dos arrondi par dessus sa fille, que je supporte aussi, avec mes bras. On s’en sortira tous les trois. « Comment tu vas l’appeler ? ». Gemma, Gemma Porter.

Wallace, Ashley × Il est huit heures du matin et j’ai passé la nuit à l'hôpital, car je sors d’une garde de 24h. Je n’ai tellement plus les yeux en face des trous que je sais même plus où ils se trouvent. Je n’ai qu’une envie, c’est dormir, mais je sais qu’en rentrant m’attend la petite bouille de ma nièce, absolument pas fatiguée et que dormir sera exclu, tout du moins, jusqu’à 10h du matin, l’heure de la sieste. Je sors de l’hôpital en fantasmant à propos de mon oreiller, ma couette et mon matelas - si confortables, j’ai l’impression de les sentir sur ma peau, tellement ils me manquent - quand soudain, je reçois comme un électrochoc. Mon regard s’est posé sur une femme, blonde, assise sur un banc en face de l’hôpital, les yeux rivés sur les étages et j’aurais juré qu’il s’agissait de Mary Wallace, une de mes patientes. Mais qu’est ce que Mary ferait devant l’hôpital où elle est supposée avoir été internée il y a plus de 21 ans, surtout sans mon autorisation ? Je m’approche doucement d’elle, et respire un peu. La personne assise sur ce banc n’est pas Mary. Elle est beaucoup trop jeune. Mais bordel, ce qu’elle lui ressemble, c’en est choquant. Je continue de m’approcher. Elle est assise, le dos droit, les mains posées sur les cuisses, les épaules remontées. Son regard est fixe et son index bat une cadence effrénée sur son genou. Mary fait pareil, quand elle est stressée. Mon cerveau fonctionne au ralenti. Aussi, je mets du temps à comprendre de qui il s’agit. Contrairement à ce que Mary soutient, il est écrit dans son dossier qu’elle a une fille, Ashley Wallace. Et si la personne que j’ai en face de moi n’est pas Ashley, je veux bien me tondre les cheveux. J’arrive quasiment à sa hauteur et elle tourne un regard surpris vers moi, avant de le métamorphoser en sourire poli. Elle m'interroge du regard, pas hostile pour deux sous, mais ses épaules ont légèrement monté d’un niveau. Merde, je lui fais peur. « Hey, désolé de vous déranger. Je m’appelle Freddie Porter, je travaille à l’hôpital. ». Son sourire se fige et ses yeux s'agrandissent. Elle plonge sa main dans sa poche, l’air profondément choquée, et en sort un papier avec mon nom et l’endroit où se trouve mon bureau. « Enchantée Dr. Porter. Je suis Ashley Wallace. » Cool, merci pour mes cheveux. Je les entends presque soupirer de soulagement. Il faut vraiment que je dorme. « Enchanté. », je répète. Et c’est vrai en plus, je vraiment enchanté, pour le coup. Son sourire a peut-être l’air crispé, mais le charme qui en émane vaut bien d’avoir dévié de ma route quelque minutes. « Par contre, vous pouvez m’appeler Freddie. Si vous vous promenez dans l’hôpital en demandant “Dr. Porter”, vous allez vous retrouver avec pas mal de résultats. Les “Dr. Porter” sont loin d’être une espèce menacée, à St Trinian’s. » Un nouveau sourire apparaît sur son visage. Elle est perplexe et amusée. Elle a les yeux plissés, perçant, comme si elle essayait de trouver la réponse à sa question muette dans mon regard. Ca, c’est quelque chose que j’ai vu chez Alexander et Jonathan Wallace. « Combien y’en a-t-il ? » Je ris doucement. « Deux aux urgences, un en pédiatrie et moi. Mais bon, le fait que ce ne soit pas une coïncidence enlève un peu de charme à cette histoire. » Les yeux toujours plissés, elle pince les lèvres dans une moue de déception amusée « Allons, un magicien ne dévoile jamais ses secrets, Freddie. Vous imaginez, si dans un film les personnages s’arrêtaient en plein milieu de l’action pour nous rappeler qui a écrit le scénario ? » Wow, on se connait depuis deux minutes, et ses épaules se sont déjà relâchées. Quand à moi, je suis déjà un peu moins fatigué. « J’aime simplement l’idée d’être un livre ouvert, c’est tout. » Je réponds sincèrement, avant de m'asseoir à côté d’elle. Elle ouvre la bouche, essayant apparemment de formuler une idée, une phrase, un concept. La notion de livre ouvert a l’air difficile, pour elle. Je la regarde, sans rien dire, lui laissant le temps de réagir. Elle est vraiment jolie, vu d’ici et je ne sais pas si c’est le froid ou si c’est parce que je la regarde, mais le rose sur ses joues est vraiment adorable. « Elle… Est-ce qu’elle va bien ? » Ses épaules sont remontées. L’utilisation du pronom me laisse entendre qu’elle n’ose pas définir la personne dont elle parle. Elle utilise une idée vague. J’imagine, que dans le fond, c’est ce que Mary est pour elle. « Elle essaie. », j’avoue, et Ashley acquiesce en regardant ses genoux, guère surprise. Elle craque un sourire, l’air de dire que cette situation n’est pas grave, que c’est du passé. Mais il y a quelque chose qui me rappelle le regard de Mary quand son sourire me ment. « Vous vous ressemblez énormément. » Je souffle devant l’ironie qui a voulu que je sorte la phrase que Wade et moi entendons le plus, à la fille d’une de mes patientes. Mais j’ignore si elle le sait et j’ai la sensation qu’une fille qui a grandi sans sa mère a le droit, a besoin, même, de ce genre d’information. Elle tourne la tête vers moi. « Est-ce qu’elle sait qui je suis ? » La question qui fâche. Et il est évident qu’elle ne l’a jamais posée auparavant, à personne. Mary a développé une paranoïa concernant sa fille. Malgré le temps qui passe, elle reste persuadée qu’elle n’en a pas. Il y a 21 ans, elle s’est convaincue que la petite fille de deux ans qu’elle a essayé d’attaquer n’était pas sa fille, mais un espèce de démon qui l’avait remplacée. Et ça me tue de me dire qu’elle avait l’âge de Gem. J’arrête pas d’imaginer la scène avec elle, à la place d’Ashley et ça me retourne l’estomac, à chaque fois. « Pas la peine de répondre. », dit-elle avec un soupir avant de tourner la tête devant ma grimace désolée. « Livre ouvert. » Ajoute-elle avec un sourire triste, pour justifier qu’elle n’a pas besoin de la réponse. Je lui souris aussi. « Il n’est jamais trop tard pour faire connaissance, cela dit. » Ashley tourne la tête vers moi. « Elle n’a pas besoin d’une fille de 23 ans. » Elle le pense, et ça me fait mal pour elle. Et ce qui me fait le plus mal, c’est qu’elle ne parle pas de son besoin à elle. « C’est toi qui choisis, Ashley. ». Je suis passé au tutoiement l’air de rien, parce que j’ai l’impression, je ne sais pas pourquoi, qu’on a atteint un niveau d’intimité qu’elle a rarement atteint avec quelqu’un. Elle a entendu la différence, elle aussi car elle réplique avec un sourire : « Je ne suis pas une patiente. ». Non, en effet et ça tombe bien. « Non et tant mieux, parce que sinon, je ne pourrais pas t’inviter à boire un verre avec moi. » Ses sourcils s’arquent et ses joues rosissent. Surprise et flattée. Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de bizarre d’aimer cette couleur sur ses joues ? « Wow, je ne l’avais pas vue venir celle-là. » Elle a également l’air suspicieuse, comme si elle s’attendait à ce que je lui dise que c’était une blague. Mais ce n'en est pas une. On n'a quasiment pas parlé l’un de l’autre et pourtant, chacun de ses gestes, de ses sourires et chacune de ses expressions me donnent l’impression qu’il y a de l’alchimie, entre nous. « Et j’ai encore bien d’autres surprises dans mon chapeau de magicien. » Elle rit. Et c’est ainsi que j’ai commencé à avoir le béguin pour Ashley Wallace.

Wallace, Mary × « Bienvenue dans l’aile Psychiatrique de St Trinian’s, Dr. F. Porter. », dit Dr. Jack, en lisant mon badge. Il a un sourire bienveillant rendu comique par l’expression qu’il a pris quand il s’est concentré pour voir les lettres qui formaient mon nom. Je souris aussi, parce qu’il a ce pouvoir sur les gens. « Avez-vous pris le temps de lire les dossiers de vos patients ? » Je serais un bien piètre docteur, si je ne l’avais pas fait, surtout dans un domaine où le moindre mot mal placé peut déclencher une crise. « Oui, Dr Jack. Mais si vous avez la moindre recommandation, je suis tout ouïe. » Ce n’est pas le moment de me la jouer perso. Certains de ces patients sont là depuis longtemps, ont eus d’autres psychiatre qui ont eu le temps d’avoir de vrais rapports avec eux, de faire des observations qui ne sont peut-être pas écrites dans le dossier. « Rien à signaler, je pense. », me répond-t-il. Bon, bah d’accord. « Bonne journée, Dr. Porter. » Je regarde machinalement autour de moi, m’attendant à voir l’un de mes parents, avant de réaliser que c’est à moi qu’il parle. Il va falloir faire quelque chose à propos de ça. Peut-être que je prendrai le nom de ma femme, le jour où je me marierai, tiens. « Oh, merci. Bonne journée à vous aussi. ». Il me regarde d’un air étonné, ne comprenant pas pourquoi j’ai hésité. J’ai l’impression qu’il se demande si j’entends des voix, ce qui serait quand même vachement ironique. Mais en même temps, on connait tous le proverbe sur les cordonniers. Je lui souris et continue ma route, car cette mini-conversation a eu lieu dans le couloir, alors que j’allais rendre visite à un patient. C’est mon premier jour. Je me suis déjà présenté à deux d’entre eux. Ils sont sympa, le premier aime les avions, on devrait bien s’entendre. Le deuxième m’a demandé si j’avais des super-pouvoirs, et j’ai été obligé de lui avouer que mon seul super-pouvoir était de savoir plier ma langue en deux. J’ai eu de la chance, parce qu’il a trouvé ça cool. J’arrive devant la porte de ma troisième patiente. Mary Wallace. J’ai lu son dossier, ce matin, mais au cas où je préfère jeter un oeil dessus, à nouveau, avant de frapper. Mary n’a pas eu de chance. Du tout. Suite à une série d'événements l’ayant poussée à la dépression, elle a développé un trouble de la dépersonnalisation accompagné de symptômes communs à la bipolarité. Les médicaments ont peu d’effet sur elle et 20 ans de thérapie ne l’ont pas aidée. Pour être honnête, je suis quelque peu choqué qu’elle ait été assignée à un novice en plein apprentissage. Je me demande, en lisant son dossier, s’ils n’ont pas tout simplement abandonné l’idée de pouvoir l’aider, pour simplement faire d’elle une leçon pour moi. Si c’est le cas, je trouve ça révoltant. Parfaitement dégueulasse. Ca me foutrait en rogne, si c’était ça. D’ailleurs, rien qu’à l’idée, je sens déjà mes entrailles se retourner. Je frappe à la porte, un chouilla plus fort que ce que j’avais prévu. Oups. Il faut que je me calme. Je prends une profonde inspiration, puis expire pour me vider de toute tension. Il y a déjà assez de démons dans cette chambre sans que je n’amène les miens en plus. Mary n’est pas un cas désespéré, je refuse de le croire. Et je refuse de penser qu’ils l’ont abandonnée. Peut-être espéraient-ils juste que du sang neuf soit en mesure de l’aider. Comme un courant d’air frais. Je frappe une nouvelle fois, plus calmement, car Mary ne m’a pas répondu la première fois. J’attends un peu. Toujours rien. J’entre. L’atmosphère dans cette chambre est aussi contradictoire que le mental de Mary. Il y a des dessins d’enfants et des photos de voyage, sur les murs, qui donne comme un sentiment de liberté et d’allégresse, et pourtant, tout le reste semble austère. Le lit est fait à la perfection, tout est rangé, la lumière passe à peine à travers les stores.Mary est assise sur une chaise en osier, elle est de profil. Elle tourne doucement la tête vers moi et m’examine sans donner l’impression de me voir. Son regard n’est pas vide, il est juste complètement désintéressé. « Bonjour. Vous êtes ? » m’accueille-t-elle avant que je n’ai pu ouvrir la bouche. Elle pose la question sans la moindre trace de curiosité sur son visage qui n’a pas l’air d’avoir apprécié le temps qui passe, malgré la beauté flagrante dont elle a dû faire preuve étant plus jeune. C’est comme si elle avait demandé ça par habitude. Je ne suis pas sûr de ce qu’elle va faire de cette information, mais je m’avance tout de même vers elle et lui répond : « Je suis Docteur Freddie Porter. Je suis votre nouveau psychiatre. » Elle lève puis descend le mention pour accuser de la réception de mes paroles, mais à côté de ça : Rien à foutre. Voilà, voilà... Bon, bah j’vais pleurer un p’tit peu.
Il y a une petite table, en face d’elle. Je m’y assoie pendant qu’elle me regarde faire. « Je suis venu pour que l’on puisse faire connaissance. J’ai lu votre dossier, mais je m’intéresse davantage à ce que vous pensez de la situation. » Je ne m’y attendais pas, mais elle me sourit. Je ne pense pas qu’elle s’en rende compte, cependant, connaissant son mal. Et si elle s’en rend compte, elle se demande certainement d’où lui vient cette impulsion. Je répond à son sourire et continue : « Est-ce qu’il y a quelque chose en particulier dont vous voudriez me parler ? ». Son sourire s’estompe doucement et ses mains se croisent au dessus de ses cuisses. Elle reste silencieuse un petit moment, mais elle n’a pas l’air de m’ignorer ou d’avoir un problème pour comprendre la question. Elle me regarde simplement attendre qu’elle trouve une réponse à ma question. « J’ai l’impression de ne pas être là. » Finit-elle par dire. « Je vois que vous avez les yeux très bleus, mais je ne sais pas si j’aime ça ou non. Je ne ressens pas le moindre attachement pour les garçons qui viennent me voir en m’appelant maman. Je me rappelle les avoir mis au monde, pourtant, mais ne sait pas ce que j’ai ressenti en le faisant. » Je suis soufflé qu'il soit aussi facile pour elle de parler de ses démons, n'ayant jamais rencontré de patients atteints de son mal avant aujourd'hui. Mais je suppose que lorsque l'on se sent détaché de la réalité, on ne ressent pas le besoin de mentir. « Mais si je parviens à revenir dans mon corps, je ne contrôle plus rien… » C’est terrible, qu’elle ait conscience de tout ça. C’est terrible qu’elle sache exactement l’Enfer dans lequel elle vit, et qu’elle ne parviennent pas à s’en défaire sans tomber dans un cercle encore plus horrible. Son index commence à battre la mesure au rythme des battements de coeur d’un oiseau. Mary est terrifiée par ses émotions, elle l’a été pendant plus de 20 ans. Souffrir à nouveau l'effraie, elle est terrifiée à l’idée de devoir être la proie de la douleur et de la peur. Aussi, son esprit a-t-il fermé l’accès à toutes sensations, pour éviter la souffrance. Et à chaque fois qu’il lui autorise à ressentir quelque chose, tout est plus intense, au point que la panique se mêle à ses sentiments qui l’enivrent jusqu'à la faire délirer. Elle n’a pas eu d’émotions saines depuis les années 90. « Que pensez-vous de St Trinian’s ? » Je lui demande pour emmener son esprit ailleurs. Son doigt s’arrête. « C’est chez moi, je suppose. » Me répond Mary Wallace.  

Porter, Meryl × « Il faut qu’on commence à se plaindre de douleur dès ce soir. Et qu’on reste réveillés toute la nuit. Sinon, elle ne nous croira jamais, demain. » « Juste un détail… On sait pas mentir! » « Arrête de caguer sur les pétunias. Cette attitude négative ne nous mènera nulle part. » Hein ? C’est quoi cette expression ? « Caguer sur les pétunias ? » Il pouffe de rire en voyant ma tête, ce qui me fait pouffer de rire aussi. « Je sais pas, j’ai trouvé ça cool, sur l’instant. », m’avoue-t-il. Okay, c’est de bonne guerre. Il sourit en voyant mon visage traduire mes pensées. « Okay, on part sur quoi. Maux de ventre ? » Il secoue la tête. « On ne peut pas faire croire à une gastro, déjà parce que c’est la honte, et puis elle va se douter de quelque chose quand elle nous entendra pas vomir. C’est plus facile de faire semblant de tousser, non ? » J'acquiesce, il a raison.  « Il faudrait qu’on ait de la fièvre, alors, aussi, parce qu’elle ne va pas nous faire un mot si on tousse, mais qu’on n’a pas de fièvre. », j’ajoute. Ah, il n’y avait pas pensé à ça, me dit sa grimace. « On peut faire monter la température de notre corps en faisant du sport, mais je ne crois pas qu’on parviendrait à faire mentir un thermomètre digital…» Et pendant que son constat me donne envie de me dégonfler, je vois dans son regard qu’il se dit que tant pis, ça vaut quand même la peine d’essayer. Elle va tellement nous griller. Non seulement on devra aller à l’école et faire notre contrôle d’anglais, mais en plus, on va être puni. Le double châtiment. L’angoisse. En plus, maman va forcément croire que c’est mon idée. Wade est tellement timide qu’il est considéré comme le plus sage de nous deux. Sauf que c’est toujours lui qui a les meilleures idées débiles. Moi, je fais juste plus de bruit en les réalisant. Quand on va se faire choper, il aura beau essayer de faire entendre raison à maman en disant que ça vient de lui, maman se tournera vers moi. Mais je ne dirai rien, parce que je ne suis pas une balance, et Wade se mettra à mon service pendant tout le temps de la punition, pour se faire pardonner. C’est un gars bien, mon frère, il ne me laisse jamais tomber. « Qu’est-ce que vous faites ? », demande alors la voix de maman derrière nous. On sursaute, parce qu’on ne l’avait pas entendue rentrer dans la chambre. Cette femme est un ninja, je ne vois pas d’autres explications. Wade et moi nous mettons à paniquer, on n’était pas prêts ! Sous le choc, il en devient incapable de parler. Moi, c’est le contraire. « Rien, mais on se demandait si on devait te dire qu’on ne se sentait pas bien du tout. On a du mal à respirer, on fait que tousser et je suis presque sûr qu’on a de la fièvre. » Wade tousse sans oser la regarder, pour bien lui montrer que je ne suis pas un gros menteur. Merci, frérot. Malheureusement, c’était la toux la plus timide et la plus effrayée de la communauté des toux. Même moi, qui ne suis pas docteur, je n’y aurais pas cru. Les yeux de maman se rapetissent, comme si elle essayer de lire nos pensées, et je me sens tout tremblant. Je lance un regard à Wade, qui a l’air de mentir comme un arracheur de dent, et je sais que je fais la même tête. Je regarde à nouveau maman et tousse aussi, mais même moi j’ai l’impression que ma toux a des intonations interrogatives, genre, « Est-ce que j’ai l’air un peu plus malade, quand je fais ça ? ». J’ai neuf ans, mais déjà, je le sais : je ne serai jamais acteur. Maman prend un air légèrement alarmé. « Et est-ce que vous avez des vertiges ? » « Oui », on répond à l’unisson, en échangeant un regard étonné. « Des nausées ? » « Oui », dit-on, et je me précipite pour ajouter : « Mais on n’a pas encore vomi. » Elle acquiesce d’un air un peu triste. « Et j’imagine que vous avez mal partout. » « Oui. » Est-ce qu’elle nous croit vraiment ? « Vous crachez du sang ? » Dans la panique, Wade répond que oui pendant que je dis non. Puis oui, pour ne pas le laisser tomber. Maman monte une main à la bouche. « Il va falloir vous mettre en quarantaine avant que vous n’infectiez qui que ce soit. Vous êtes apparemment atteint de la Peste Pulmonaire… » Dit-elle d’un air de plus en plus triste. « Et… c’est grave ? », demande Wade, hésitant. « Vous allez mourir dans la semaine qui vient… Vu que vos symptômes sont avancés, on ne va probablement rien pouvoir faire pour vous. » Elle a l’air sur le point de pleurer et Wade et moi nous regardons d’un air coupable. « Mais… T’es sûre que c’est ça, maman ? » On essaie de calmer le jeu, de la faire aller sur une maladie qui la fasse pas s’imaginer en train d’enterrer ses deux fils en même temps. « Je ne vois pas d’autre diagnostic… Tous les symptômes sont là. » Sa voix craque, je crois que si elle pleure, je pleure aussi. J’ai pas envie de faire pleurer maman pour éviter un contrôle. « Cela dit, ça peut aussi être une vilaine crise de grosse flemingite aiguë. » Sa voix, son visage, sa posture, tout a changé, mais c’est trop tard, je suis au bord des larmes. « C’est pas gentil, ça, maman. »  murmure Wade. Elle explose de rire, devant nos têtes. « Vous êtes les deux pires menteurs de la Terre. Et vous voulez savoir autre chose ? Je le sais depuis que vous êtes nés, que vous alliez essayer de me mentir ce soir. Je sais tout. Allez vous brosser les dents et au dodo. Je veux que vous soyez en forme pour votre contrôle d'anglais. Et vous rentrerez direct après l'école, pour nettoyer le garage » Oh non... Pas le garage... Il est sale et y'a des araignées ! Je regarde maman d'un air implorant, tandis qu'elle me fixe d’un air aussi fatigué qu’amusé. Parce qu’elle ne sait pas tout. Elle ne sait pas que ce n’était pas mon idée, et que je n’avais pas envie de le faire, par exemple. Mais je lui pardonne, parce que c’est la meilleure maman du monde quand même, Meryl Porter.

Porter, Dash × Rares sont les fois où je fais de longs trajets en voiture, tout seul avec mon père. D’habitude, Wade est là, avec moi, et on fait des devinettes ou on connecte nos consoles pour jouer ensemble, ou l’un contre l’autre. On a aussi un mp3 sur lequel on branche nos deux paires d’écouteurs, et on choisit les chansons à tour de rôle. Mais Wade n’est pas là, aujourd’hui. Papa et maman essaient parfois d’avoir une journée avec un seul d’entre nous, à tour de rôle, comme ça. Ils ne le disent pas, mais je pense que c’est pour qu’on puisse se sentir estimé, de temps en temps. Qu’on sente qu’ils nous aiment autant l’un que l’autre, de manière individuelle et unique. Je trouve ça sympa, et puis, c’est vrai que ça fait du bien, de temps en temps, d’avoir ces instants durant lesquels on peut créer un lien exclusif avec quelqu’un, sans avoir besoin de partager avec une tiers personne. Je veux dire, Wade et moi avons les mêmes amis, le même anniversaire, les mêmes professeurs… Il n’y a pas grand chose que nous ne partageons pas, et pas forcément d’endroits ou de moments où l’on brille sans éclairer l’autre. Ou le mettre dans notre ombre. On est souvent comparé, et même lorsque l’on passe du temps avec un autre individu, il est courant que le sujet de conversation tourne à un moment ou à un autre autour du jumeau. Le fait que l’on soit deux fascine et pour peu que l’on tombe sur quelqu’un qui préfère l’autre… Heureusement qu’on n’est pas du genre jaloux ou vindicatif, mon frère et moi. Ca aurait été gênant si l’on avait été un peu trop compétitifs ou égocentriques. Mais c’est vrai qu’autant lui que moi, on apprécie les efforts de nos parents pour nous montrer qu’ils savent que nous sommes deux individus et qu’on a parfois besoin qu’on nous montre qu’on suffit, même au singulier. Du coup, aujourd’hui, papa a profité que maman et lui soient tous les deux de repos pour m’emmener à la pêche, pendant que Wade tient compagnie à maman au stand qu’elle tient à un vide-grenier pour une oeuvre de charité. Ni lui, ni moi ne sommes particulièrement passionnés par ces activités, mais tant que l’on peut passer quelques instants de qualité avec nos parents, on ne s’en plaint pas, même si on avait prévu de répéter avec notre groupe. On n’est pas si bons que ça, de toute façon. « A quoi tu penses ? », me demande mon père. Je le regarde avec un sourire : « Que notre groupe de musique craint. Non ? » Je vois le coin de sa bouche se relever l’espace d’une demi-seconde, comme un sourire qu’il aurait essayait de contenir mais qui se serait manifesté dans un tic. Il l’ignore, mais il vient de confirmer. Je ne sais peut-être pas mentir, mais je sais reconnaître la vérité sur le visage des autres. Je ris. « Dommage, la vie de rockstar avait l’air sympa. », j’ajoute avant qu’il n’essaie de trouver quelque chose à répondre sans mentir ni me heurter. Il me jette un coup d’oeil surpris avant de regarder la route à nouveau. Je crois qu’il a du mal à se faire à mon sens de l’observation, ainsi qu’à mon côté accommodant et philosophe. Je ne suis pas susceptible, à un degrés qui m’étonne parfois moi-même. Je prends les critiques assez paisiblement, probablement parce que je suis quelqu’un de réaliste. C’est amusant que mon père soit toujours étonné de trouver ce trait de caractère chez moi, vu que j’ai toujours été comme ça et que je tiens ça de lui. « Hum… Sur la route en permanence, pas de vie privée, l’image façonnée, épié en permanence… », dit-il en faisait la moue. « Oui, mais ils ont accès à tout un tas de drogues et couchent avec toutes les filles qu’ils veulent. ». Je n’ai jamais vu mon père être effrayé, avant ce moment. Je ne peux m’empêcher de retenir un sourire goguenard quand je le vois piler par réflexe pour me lancer un long regard alarmé afin de s’assurer que je plaisante. Je regarde instinctivement derrière pour être sûr qu’il n’y avait pas de voitures derrière nous. Mais bien sûr que non, cette route est déserte. Je pince les lèvres pour ne pas éclater de rire, et je vois les épaules de papa se détendre. Je lui fais un regard innocent : « J’ai dit quelque chose ? » Mon père secoue la tête « Petit effronté. ». J’explose à nouveau de rire, pendant qu’il reprend la route, l’air de ne pas trop savoir s’il doit rire aussi ou me gronder. Il finit par choisir la première solution et pouffe un peu. Je crois qu’il y a un peu de fierté dans son regard, comme si le fait que j’avais réussi à lui faire peur l’impressionnait. Ca me rend tout fier. Je sais qu’au fond, il savait depuis le début que je n’étais pas sérieux, mais c’est un papa, il se doit de réagir quand un ado mentionne certains mots magiques. Je pense qu’il aurait peur d’être irresponsable s’il ne s’assurait pas que je suis au courant que certaines choses sont graves. Surtout qu’avec maman, ils n’ont pas l’occasion d’être très présents, à cause de leur profession. « Je te promets de ne jamais être une rockstar. », je lui dis, souriant toujours. Il hoche la tête et sourit. « De toute façon, ton groupe craint. » me répond Dash Porter.

Hamilton, Rachel × A moitié endormi sur une chaise roulante dans la salle de repos, après une journée éreintante lors de ma rotation aux urgences, je me demande comment mes parents ont tenu 20 ans dans ce milieu. Je comprends mieux les humeurs de maman. Si quelqu’un ose ne serait-ce que me bouger d’un millimètre, je crois bien que je le mords. Violemment. Avec les canines et tout, en mode vampire de la colère. J’ai hâte de pouvoir commencer mon internat dans ma spécialité, afin de ne plus jamais avoir à courir partout comme ça. J’ai mal à tous les muscles et ça n’aide pas à aller mieux que de connaître leur nom par coeur. « Hey Porter, t’es mort ? », me demande la voix endormie de Rachel, roulée en boule dans le grand fauteuil à côté de moi. « Oui. », je réponds, n’ayant pas la force de répondre autre chose. « Et toi ? », je me force à ajouter. Elle grogne un « Ouais » qui serait inintelligible si je ne parlais pas le même langage qu’elle, à l’instant présent. J’ouvre un œil en l’entendant bouger et la vois se redresser, me regardant avec des petits yeux plein de sommeil à travers ses cheveux en bataille. Elle doit être magnifique, au réveil, je me prends à penser, mais je suis trop fatigué pour fantasmer sur pourquoi je pourrais bien la voir au réveil. Elle continue à me fixer et j’ouvre l’autre œil, redresse légèrement la tête et hausse les sourcils d’un air interrogateur. « J’étais en train de t’imaginer nu. », me répond-t-elle, presque surprise par sa propre imagination. En temps normal, j’aurais sans doute été surpris, ou même gêné, mais je n'en ai pas la force. Je souris en basculant à nouveau ma tête en arrière, ferme à nouveau les yeux et demande : « Et tu aimes ce que tu vois ? » Je l’entends pouffer de rire, amusée par ma réaction. « J’ai connu pire. ». C’est à mon tour de pouffer. « Bon à savoir. ». Je me dis que ce serait sympa d’avoir éventuellement sa véritable opinion, à l’occasion. « Tu me montreras ? », dit-elle alors qu’elle se remet en boule, prête à se rendormir. « Avec plaisir. ». Et c’est ainsi que l’air de rien, et avant de nous endormir comme des masses, l’on a planifié une relation basée sur le sexe et l’entente cordiale qui allait durer un petit moment, avec Rachel Hamilton

Todd, Ava × Je regarde la liste de course avec un reniflement qui ferait grogner ma mère de désapprobation et qui plus est inefficace, tant mon nez est bouché. Le geste me fait d’ailleurs tousser, ce qui arrache la gorge. Je sais que je ne devrais pas m’arrêter de vivre pour un rhume, mais je serais bien resté dans mon lit, là tout de suite, j’avoue, au lieu de faire des courses. Mais il faut bien manger et je n’ai pas de fièvre. Pas encore, en tout cas. « Tu devrais faire des inhalations d’Eucalyptus. C’est magique pour se débarrasser d’un rhume. », me dit alors une jeune fille d’à peu près mon âge qui vient d’arriver à ma hauteur. La première chose que je remarque en la voyant sont ses yeux, d’un vert clair qui contraste avec son teint foncé. La deuxième chose que je remarque est le pentagramme et le cristal de roche qu’elle porte autour du cou, accessoires en harmonie parfaite avec le reste de son look bohème. Je ne peux m’empêcher de lui trouver quelque chose d’apaisant, dans le regard, la voix et la posture. Je crois bien n’avoir jamais rencontré personne d’aussi zen. A part peut-être moi-même. « Pardon ? », je demande, tellement surpris de l’intervention que je n’en avais pas compris le sens des mots. « Tu mets de l’eau bouillie dans un bol et quelques feuilles d’Eucalyptus. », répète-t-elle plus clairement, avec un sourire bienveillant. « Puis tu te penches au dessus du bol pendant un quart d’heure avec une serviette sur la tête pour garder la vapeur et tu respires par le nez. L’Eucalyptus te débouchera les narines en un rien de temps. Tu devrais aussi te faire des infusions avec un quartier de Citron et du Miel, pour calmer tes maux de gorge. », ajoute-t-elle en montrant mon cou du doigt. Oh ! Je suis touché par le geste, mais mes parents étant tous les deux médecins, nous n’avons trop utilisé de remèdes de grand-mère. Pas que nous ne faisons pas confiance aux plantes, puisque nous savons que la plupart des médicaments en ont dans leur composition, mais nous avons toujours préféré les sirops et pilules prescrites par un vrai médecin que les décoctions des grands-mères des copains. « Je te remercie. » Elle fait une grimace amusée et je la regarde sans comprendre. « Je vois que tu ne crois pas en la phytothérapie. Tu n’es pas très versé en médecine traditionnelle ou remèdes de grand-mères, on dirait. » Je hausse les sourcils. Je ne mentais pas lorsque j’exprimais ma gratitude pour sa gentillesse, et pourtant, elle a été capable de reconnaître que je n’étais pas convaincue par ses méthodes. Est-ce que je dégage une intention hostile face à un conseil non sollicité ? « Comment… ? ». D’habitude, c’est moi qui suis capable de lire les autres. Elle m’interrompt, apparemment habituée à ce que l’on lui pose la question.« Je peux interpréter les couleurs de ton aura. », m’explique-t-elle comme si elle m’avait annoncé qu’elle avait acheté une bouteille de lait. J’ai entendu parler de ce phénomène. Certaines personnes ont des hallucinations provoquées par une condition neurologique qui leur permet de voir des couleurs où la plupart des personnes n’en voient pas, comme pour les lettres de l’alphabet, par exemple, ou encore, autour d’autres personnes. C’est peut-être son cas. « Tu es synesthète ? » Elle fronce les sourcils d’un air interrogateur, ne connaissant manifestement pas le terme, puis fait un “oh !” muet avec ses lèvres, comprenant manifestement quelque chose. Elle sourit à nouveau avec douceur. « Dans ma famille, l’on appelle plutôt cela être clairvoyante. Par exemple, je peux te dire que ton aura est extrêmement pure, tu fais le bien autour de toi de manière naturelle. Tu as tendance à le faire en te reposant sur l’observation et la raison. Tu ne laisses pas beaucoup de place à la magie, je me trompe ? » Je souris, me reconnaissant dans son descriptif. Je me demande quelle couleur elle voit, du coup, et si c’est vraiment mon aura qui l’a aidée à lire en moi. Si elle a été élevée dans une famille qui croit au mystique, peut-être a-t-elle appris des méthodes qui lui permette d’analyser les comportements. Elle a l’air très observatrice. « Non, tu ne te trompes pas. Tu as lu tout ça dans mon aura ? » Elle acquiesce, souriant toujours. « Oui. Ainsi que dans ta posture et dans le fait que tu m’as demandé si j’étais synesthète, au lieu d’utiliser le mot “sorcière” ou “folle”. Ceci dit, si tu avais utilisé le mot “sorcière”, tu n’aurais pas été très loin de la vérité. Je suis wiccan. Tout comme mes parents et mes grands-parents, avant moi. » Je hausse à nouveau les sourcils avant de tousser à nouveau. Wiccan ? « Tu pratiques la sorcellerie ? », je demande, très intéressé. Les croyances des autres me fascinent et plus elles sont éloignées des miennes, et plus je veux les comprendre. Bien sûr que je ne pense pas que la magie existe. Mais de toute évidence, elle y croit, et j’imagine que pour elle, être capable de voir des couleurs autour des gens doit s’apparenter à une sorte de preuve. Elle a l’air agréablement surprise. Je suppose qu’elle doit apprécier le fait que je ne sois pas effrayé pour sa santé mentale. Il y a tout de même une grande différence entre croyances et illusions. Il y a bien des gens qui croient en une puissance divine qui aurait créé le monde en sept jours. Tant qu’elle ne blesse personne. « Seulement des sortilèges de purification et de protection, ainsi que les occasionnels rituels pour honorer la Déesse et le Dieu lors des grandes fêtes. Il s’agit surtout d’une religion, après tout. » Je demande s’il y a des sacrifices, comme dans les films, mais une telle sérénité, une telle douceur se dégage d’elle que j’ai du mal à y croire. C’est plus fort que moi, cependant, je ne peux m’empêcher de poser la question. « Est-ce qu’ils vous arrive d’avoir recours à des sacrifices, comme dans les films ? » Je tousse à nouveau en m’étouffant dans un pouffement inspiré par ses grands yeux ronds choqués. « Non ! Certainement pas ! Nous vivons dans le respect de tous les objets et de toutes les personnes, en harmonie avec notre environnement. » Ma suggestion semble l’avoir profondément perturbée, je décide donc de changer de sujet.« Et tu es phytothérapeute. » Elle semble soulagée de pouvoir arrêter de penser à des choses aussi horribles que les sacrifices, et je trouve ça extrêmement séduisant. Elle acquiesce, consciente cependant qu’il ne s’agissait pas d’une question. « Et herboriste. J’ai une boutique slash cabinet, juste à côté. » Elle montre l’extérieur de l’épicerie et me fait alors un sourire entendu. « Il faut bien gagner sa vie. Comme toi, j’ai choisi un métier qui correspond à mes croyances. » Je suis curieux de savoir ce qu’elle sait de mon métier, vu que je ne lui ai rien dit encore qui puisse lui permettre de se faire une idée. « Comme moi ? » Elle sourit d’un air fier, de toute évidence contente que j’ai posé la question. « Tu êtes curieux et n’as pas encore émis le moindre jugement à mon égard, tu es fasciné par ce que je te raconte, tout en n’y croyant pas une seconde, malgré ta tolérance. Tu cherches à comprendre comment fonctionne mon esprit. Tu es psychiatre, pas vrai ? » Je ne sais pas si elle lit les auras, mais une chose est sûre, c’est qu’elle pourrait gagner sa vie avec des numéros de voyance sans le moindre problème. « Encore étudiant, pour le moment, mais je compte en faire ma spécialité, en effet. » Elle n’a pas l’air impressionnée d’avoir touché juste, mais son sourire s’agrandit. « Comme quoi, nous ne croyons pas aux mêmes choses, mais je pense que nous avons beaucoup de points communs. » En effet, et j’aime à quel point nos différences nous permettent de nous ressembler. Je pourrais très facilement être ami avec elle et ne jamais me lasser de voir nos opinions se choquer pour mieux se comprendre. « Je le pense aussi. » Son sourire s’agrandit et je sais que le mien le suit. Puis quand son regard devient légèrement taquin, je comprends que mon voeux s’est exaucé et que j’ai gagné une personne de qualité dans mon entourage. Ce serait un crime que de nous lâcher, vraiment. « Tu devrais essayer les remèdes que je t’ai conseillés. Il n’y a pas besoin d’avoir l'esprit ouvert à la magie pour savoir que l’Eucalyptus débouche les sinus et que le miel adoucit les maux de gorges. » Je ris, elle a raison, et j’accepte l’invitation avec un hochement de tête. « Je peux te fournir les plantes dont tu as besoin, si tu veux passer me voir dans ma boutique à la fin de tes courses. Je peux aussi te montrer quoi d’autre peut t’aider à te débarrasser de ton rhume.» Je lui tends la main. « Avec plaisir. Je m’appelle Freddie. Freddie Porter. » Elle la serre et j’ignore si nous sommes en train de nous présenter ou de sceller un pacte. « Enchantée, je suis Ava Todd. »

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Freddie Porter

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