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« The bitterness inside is growing like a new born × Sahara »

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Sahara Stanford

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MessageSujet: « The bitterness inside is growing like a new born × Sahara » « The bitterness inside is growing like a new born × Sahara »   Icon_minitimeMar 12 Juin - 23:20


« SAHARA STANFORD »

Mon nom résonne dans la salle d’attente bondée. J’aurais aimé qu’il ne résonne pas aussi fort. Je n’ai pas pensé à en donner un autre. J’aurais peut-être dû. J’aurais aimé que les patientes qui m’entourent et les gens qui les accompagnent ne sachent pas que j’existe. J’aurais aimé qu’ils ne me regardent pas me lever. J’aurais même aimé que l’une d’entre elle ne fronce pas les sourcils d’un air réprobateur en me voyant marcher seule, telle une condamnée à mort. Oui, je suis une gamine, connasse, et je t’emmerde. Oui, je suis toute seule, et oui, j’ai baisé avant le mariage. Ca te la coupe, hein ? Attends de savoir qui a peut-être foutu une graine dans mon bide, tu vas probablement demander à ce qu’on me brûle. C’est, attention, mon professeur. De 10 ans mon aîné.

« Quoi ? J’ai quelque chose sur le pif ? » Je lui demande agressivement en passant devant elle. Elle sursaute comme si elle s’était fait piqué par une abeille et détourne le regard, honteuse de s’être fait prendre un plein jugement de la jeunesse corrompue par Satan. Je dois avouer être déçue qu’elle ne me réponde pas. J’ai tellement de peur et de colère en moi que j’ai l’urgence d’une confrontation. J’ai besoin de gueuler sur quelqu’un, pour ne pas me sentir perdre pied, pour avoir l’impression d’avoir encore le contrôle sur quelque chose. J’ai besoin que quelqu’un se sente aussi minable que moi, par ma main, et je m’en veux de ressentir ça, parce que je me suis mise dans cette merde et que ce n’est pas un comportement digne de quelqu’un vivant chez Ashley Wallace.

M’enfin, j’me monte peut-être la tête pour rien. Peut-être que je ne suis pas enceinte. peut-être que tout va bien, que mon retard est simplement dû au stress de la dernière année de lycée qui va commencer dans quelques semaines. Après tout, c’est une année importante, c’est l’année où l’on choisit sa fac. La mienne est déjà choisie, mais j’ai triplé le nombre d'entraînements et de répétitions pour les sélections. Ma chorégraphie doit être parfaite. Rien d’autre n’a d’importance. Après tout, c’est la raison pour laquelle je suis à New York. Ce n’était pas pour y retrouver Dawson, et ce n’était pas par manque d’un côté de la famille que j’ai si peu vu, durant mon enfance. Même s’il faut admettre que retrouver un sentiment d’appartenance à quelque chose de si vital m’a fait du bien. J’étais heureuse, jusqu’à il y a deux semaines. J’avais tout : l’amour d’un homme trop bien pour moi, l’amour d’une cousine trop bien pour moi, l’amour d’un oncle trop bien pour moi, l’amour de cousins trop bien pour moi, l’assurance qu’ils trouvaient tous que j’étais assez pour eux, et un putain de futur tracé, à portée de main, complètement atteignable.

Et maintenant, je m’apprête à frapper à la porte du bureau du Dr. M. Flynn, priant pour qu’il ne m’annonce pas que tout ça va partir en fumée. Qu’il ne m’annonce pas que ma mère avait raison de ne pas me faire confiance, qu’elle avait raison de penser que j’allais tout foirer, parce que je ne suis bonne qu’à ça. Qu’il ne me dira pas que j’ai un choix à faire. Je ne veux pas avoir à faire ce choix. Je ne survivrais pas à ce choix. Surtout que personne ne pourra m’aider. Il faudra que je le fasse seule. Sans penser au fait que Dawson voudra probablement garder l’enfant, même s’il ne le dira pas forcément. Sans en parler à Ashley, qui ne comprendra pas. Elle essayera de m’aider, parce qu’elle est comme ça, mais elle ne saura pas comment. Comment le pourrait-elle ? Non seulement elle n’a jamais vécu cette situation, mais en plus, elle n’a elle-même jamais eu de vraie maman. Elle a beau être parfaite d’instinct, certaines choses demandent la présence d’un modèle. Et savoir gérer des crises pareilles en font partie. Elle va se mettre une pression monstrueuse, ce qui n’aidera personne. Surtout pas elle. Surtout pas moi.

Je frappe à la porte et entend Dr. M. Flynn dire : « Entrez. » J’envisage sérieusement de ne pas obéir, et je ne sais même plus si c’est par esprit de contradiction ou parce que je me dégonfle. Si je ne le fais pas, que se passera-t-il ? Est-ce qu’il va me crier mes résultats à travers la porte ? Est-ce que je vivrais joyeusement sans savoir ? Peut-être que si on ne me donne pas mes résultat, je pourrais me voiler la face avec tant de brio que cette grossesse n’existera pas. Tant que je ne sais pas, mon utérus est comme la boîte de Schrodinger. Je peux me complaire dans une réalité dans laquelle le chat n’est pas dans la boîte. Car si ce docteur me dit qu’il y est, alors une toute autre boîte avec différentes possibilités va s’offrir à moi. Et putain, qu’on me foute la paix avec toute cette physique quantique !

Et s’il me dit que je ne suis pas enceinte, quelle sera ma réaction ? Est-ce que je retournerai tranquillement à ma vie, heureuse d’avoir éviter cette balle ? Est-ce que tout redeviendra normal ? Est-ce que je serai capable d’avoir une relation saine avec Dawson sans avoir la trouille à chaque fois qu’on fera la bête à deux dos ? Est-ce que je lui en parlerai ? Lui dirai à quel point je suis désolée de foutre toute la pression des contraceptifs sur lui ? Sérieusement, c’est si compliqué de prendre la pillule tous les jours ? Pourquoi je me suis toujours contentée du préservatif ?

J’entre. J’ouvre la porte un peu trop brusquement, car ça m’a demandé un gros effort de ne pas céder à la tentation de la laisser fermée. Je tremble un peu, je me sens minuscule dans ce bureau. Ca fait des années que je n’ai pas pris la pleine conscience que je suis une enfant. Est-ce que je devrais vraiment être dans cette pièce ? Pourquoi ne suis-je pas plutôt au service de pédiatrie, où il donne des sucettes aux patients ? C’est ma place, non ? Je devrais être accompagnée d’un adulte, pas vrai ? Il y a des endroits où je n’ai encore pas le droit d’entrer. Les bars, les sexshops, les salles de cinéma présentant des films R-Rated… Le bureau d’un obstétricien devrait être l’un de ces endroits. Ca et le lit d’un professeur remplaçant.

« Bonjour, mademoiselle Stanford. Asseyez-vous, je vous prie. » Me dit-il en me montrant l’une des deux chaises en face de lui. Je fronce les sourcils. Je ne suis pas d’humeur et quand je ne suis pas d’humeur, je le prends très mal quand on me donne des ordres, aussi gentiment soient-ils donnés. Je pense qu’il est clair que j’ai énormément de problèmes non-résolus avec l’autorité excessive de ma mère. Toujours est-il qu’encore une fois, l’idée stupide de ne pas obéir me traverse l’esprit, et je décide de faire un compromis. Je m’assois donc, mais sur l’autre chaise. Voilà, comme ça, tout le monde est content. Dr. M. Flynn sourit. en faisant un geste du bras signifiant clairement “Ouais, ou là, sinon, c’est très bien.”. Il est bien brave. J’arrive à lui glisser un petit regard d’excuse, avant de lancer un coup d’oeil au dossier qu’il a en face de lui et qui porte mon nom, me rappelant pourquoi je ne suis pas d’humeur. Pourquoi j’ai peur. Pourquoi j’ai l’impression que je vais vomir à chaque seconde. Pitié, faites que ce ne soit pas des nausées, et qu’il s’agisse juste de mes nerfs.

« Mademoiselle Stanford » commence-t-il et je retiens ma respiration. « Vos résultats sont arrivés. » No shit. « Et ils sont positifs. Vous êtes enceinte. » Oh putain. Oh putain. Putain. Oh Putain. « Oh putain ! » Je crois que je l’ai articulé, celui-là. «Vous êtes sûrs, pas d’erreur possible ? L’une des infirmières ne peut pas avoir confondu deux tubes de sang, me donnant ainsi le résultat de quelqu’un d’autre ? » Son regard s’attendrit, puis une grimace désolée vient barrer son visage. Putain ! J’ai l’air tellement désespérée qu’il a pitié de moi. « A priori, il n’y a pas d’erreur. Il s’agit bien de votre sang, et il confirme bien ce que le test d’urine avait annoncé. » Il a une voix très douce, il respire la gentillesse, mais j’explose quand même. « Mais je n’ai même pas encore 17 ans ! Il doit s’agir d’une erreur ! » Je me rends compte que je suis debout. Je suis en train de devenir hystérique. Putain ! Je ne peux pas être enceinte, pas maintenant ! Je suis censée devenir danseuse, j’ai les sélections dans quelques mois. Mon avenir entier va être détruit et je vais en vouloir toute ma vie à ce pauvre petit être qui n’a rien demandé. Je vais devenir ma mère, cet enfant est dans la merde !

Dr. M. Flynn se lève et s’approche de moi. Il porte ses mains à mes épaules, accroche mon regard du sien, que j’essaie d’éviter. J’ai besoin de frapper quelque chose. Mais pas lui, je dois absolument essayer de ne pas le frapper lui. Il essaie de m’aider, même s’il est le malheureux messager qui vient de détruire ma vie. « Mademoiselle Stanford. Sahara. Regarde-moi. » Je le fais, mais il est complètement flou à travers mes larmes. Je me force à ne pas me débattre mais ça me fait juste craquer pour de bon. Je m’effondre dans ses bras, en pleurs et il accueille ma détresse avec une chaleur qui me manque. J’ai tellement besoin de mon papa, là, maintenant. J’ai besoin qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me dise que tout ira bien. Qu’il me mette sa veste en cuir autour des épaules et qu’il me promette qu’il ne me quittera jamais. Peut-être que tout ça ne serait pas arrivé s’il l’avait fait, il y a des années de ça.

Dr. M. Flynn ne dit rien, il me laisse pleurer dans ses bras. J’ai l’impression qu’on reste comme ça pendant des heures. A chaque fois que je crois que je n’ai plus d’eau à pleurer, de nouvelles larmes apparaissent. “Je ne suis pas prête”, lui explique mes larmes. “Je ne suis pas prête à être une adulte.”. Je me détache de lui, cependant, car prête ou pas, c’est en train d’arriver. C’est maintenant, et je n’ai plus le choix. Enfin… Plus le choix pour ça. Car je sais qu’en ce qui concerne mes options, plusieurs s’offrent à moi. Et elles craignent toutes.

Donc, soit je garde cet enfant, et j’oublie la danse. Je serai la pire mère du monde parce que je lui en voudrais toujours. Soit je mène la grossesse à terme, mais abandonne l’enfant, j’oublie quand même la danse, et rajoute dans ce monde un être qui se demandera toute sa vie pourquoi il n’était pas assez bien pour sa maman. Soit j’avorte… Et je deviens une horrible personne qui aura fait passer son avenir avant la vie d’un enfant dont le coeur bat déjà sûrement. Je n’ai rien contre les femmes qui avortent. C'est leur choix. Parfois, ce n'est même pas un choix, pour elles, c'est une obligation. Je les respecte toutes autant qu'elles sont.

Je voudrais juste ne pas être l’une d’elles.
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