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tu émois × Roman

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Roman Olsen

Roman Olsen


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tu émois × Roman Empty
MessageSujet: tu émois × Roman tu émois × Roman Icon_minitimeDim 22 Nov - 0:47


Ils t’ont lavé, habillé, peigné. Et tu t’es laissé faire. La femme que tu prends pour ta mère a tenu ta main pour te faire sortir de la chambre. Si tu avais su que tu t’y trouvais pour la dernière fois, tu aurais emporté quelque chose. Elle t’a préparé tes céréales préférées et elle te dévore des yeux pendant que tu les manges. Elle parle de ton visage. De grandes billes bleues. Tu lui souris en buvant ton lait. La voix de l’homme que tu penses être ton père vous dit que c’est une belle journée. Tu le répètes. « C’est une belle journée. » et ils rient tous les deux. Tu ne sais pas ce qui les amuse mais tu ris avec eux. Tu ne sais pas non plus pourquoi sa voix à elle change quand ils parlent entre adultes. Tu entends seulement qu’elle est triste. Tu t’es levé pour toucher son bras de ta main. Tu as envie de lui parler pour qu’elle ne pleure pas. Tu lui dis que c’est une belle journée, mais ça ne la refait pas rire. Elle te serre contre son flanc. Et tu fermes les paupières quand elle caresse tes cheveux.

Tu n’avais jamais vu la dame qui attend à la porte. Et pourtant elle connait ton prénom. Elle parle à ceux que tu prends pour tes parents. Des deux, la femme s’accroupit en te donnant une couverture. Elle te dit que c’est celle qui t’enveloppait le jour où tu as été trouvé. Tu la prends sans comprendre. Elle est douce, elle a l’odeur de la lessive qui te rappellera celle de la femme que tu pensais être ta mère. Elle t’aidera à t’endormir maintenant. Elle calmera ton cœur dans le noir. Elle étouffera tes cris le soir. L’homme s’est accroupi aussi. Il te raconte : « Le pédiatre nous a dit que tu deviendrais grand. Très grand. Presque deux mètres ! C’est aussi haut que la porte, tu vois ? Tu seras grand, fiston. Alors on aimerait beaucoup, tous, on aimerait beaucoup que tu reviennes nous voir avant que ta tête touche le haut de la porte. D’accord ? » Et tu n’as pas envie de le décevoir alors tu es d’accord. Tu hoches la tête sans savoir pourquoi tu vas grandir à l’abri de leurs regards. Un sentiment que tu sauras plus tard être une forme de terreur rend ton ventre froid comme la mort. On te dit ce qu’on t’a déjà dit avant. « Il y a une gentille famille qui t’attend. Ils vont t’aimer très fort. » Celle qui n’est pas ta mère embrasse ta joue ronde. La dame que tu ne connais pas te prend la main pour te faire sortir de la maison. Sous l’arche haute de la porte, tu te retournes pour sourire à celui qui n’est pas ton père. Tu lui dis « À tout à l’heure. » comme le matin quand tu pars pour l’école. Il répond à ton signe de la main. « À bientôt, fiston. » Sa voix n’avait jamais été comme ça avant.

Dans la voiture, la dame que tu ne connais pas t’a dit que tout irait bien. Et tu lui as fait confiance. Elle s’est assise à côté de toi. Tu as trouvé qu’elle sentait bon quand elle s’est penchée pour attacher ta ceinture. Tu regardes par la vitre les maisons qui défilent. Elle t’explique que ta nouvelle famille t’a choisi toi, sans avoir eu besoin de te voir. Elle te dit que tu vas avoir une grande sœur. Elle t’appelle par ton prénom. Elle te dit de la regarder maintenant. Elle te dit que c’est important. « Je viendrai te rendre visite et tu pourras me dire tout ce que tu voudras. » Elle répète des choses que tu ne comprends pas. Tu regardes les gens dans la rue. La dame te parle et tu préfères sa voix à la musique dans la voiture. Elle te dit que tu lui fais penser à son petit garçon de ton âge. Tu lui demandes comment il s’appelle. Elle te répond et te dit que lui aussi est sensible, intelligent et sage. Tu ressens l’amour et il te réchauffe le ventre. Tu lui tends la main. Elle la prend sans attendre.

Ils ont attendu que s’arrête la voiture. Ils t’ont fait un signe, ont souri pour t’accueillir. Et tu ne t’es douté de rien. Ils sont restés en haut des escaliers en pierre et tu les as montés en tenant la main de la dame qui avait un fils de ton âge. Tu l’as serrée plus fort quand ils sont restés debout pour te dire bonjour. Ils t’ont tendu un jouet et profitent que tu le prennes pour t’enlever ta couverture. Celle qui deviendra ta mère la fait monter à l’étage avec ta valise. Ils te présentent ta sœur et tu l’aimes tout de suite. Tu la trouves belle, tu la trouves triste. Elle te fait penser à un oiseau rare en cage. Tu veux la toucher mais elle ne se laisse pas faire. Celui qui sera ton père rit. Tu ne sais pas ce qui l’amuse mais tu ne ris pas avec lui. La dame qui te tient la main leur parle doucement. Tu ne regardes que ta sœur. L’un d’eux, tu as oublié lequel, dit « Nous souhaiterions changer son prénom. » et tu ne comprends pas qu’ils parlent de toi.

Ils ont fait venir d’autres adultes qui leur posent des questions. Ils t’ont fait visiter la grande maison. Tu aurais de la place pour grandir jusqu’à la porte. Il y avait du monde autour de toi quand ils t’ont montré la pièce qui serait ta chambre. Il y avait beaucoup de livres, un lit pour toi seul et des planètes aux murs. La dame te demande si elle te plait. Tu lui réponds oui. Et tu n’as pas menti. Les adultes sortent. La dame t’appelle par ton prénom et tu ne sais pas encore que tu ne l’entendras plus avant longtemps. Seule ta sœur te le dira comme un secret. Elle le gardera pour qu’il ne meurt pas. Elle le dira comme une incantation. Roman. Roman. Roman. Ne t'éteins pas comme une chanson.

La maison s’est vidée. Avant de partir, ils ont demandé une photo de famille. La femme qui se ferait passer pour ta mère a posé une main sur ta joue devant elle. Tu as pris la main de ta sœur. Et elle t’a serré si fort que tes os se sont chevauchés. Tu mettras des années à comprendre qu’elle essayait de te sauver. Il faudra ton corps soutenu par les volutes d’opium pour supporter ta mémoire. Et tu ne saisiras que trop tard qu’elle essayait de te faire fuir. Qu’elle voulait te faire sentir le relief meurtri de ses paumes recouvertes de toutes les demi-lunes que ses ongles avaient creusées. En attendant, tu t’es senti blessé. Tu as eu un cri de douleur. L’homme qui prétendrait être ton père a ri pour que personne n’entende. Il a dit tout bas « Cállate llorón. ». Et tu as compté la distance qui séparait ta tête du haut de la porte. Tu as attendu de grandir. Et pour attendre, tu as ouvert ton petit cœur en deux pour le faire plus grand. Que puisse y entrer plus de monde. Tu as attendu quand il s’étirait et que tu le sentais se déchirer puis les bords se fendre. Tu n’aurais pas dû. Mais tu t'es laissé faire.
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